Chère Ville de Québec,
Tu as été, après Brisbane, ma deuxième ville d’expatriation et m’as accueilli le 23 août 2013 . Puis-je te dire en confidence qu’elle est bien loin la jeune fille de 19 ans qui s’est blottie dans tes bras et beaucoup grâce à toi.
Lorsque je suis venue auprès de Toi pour la première fois, Québec, comment imaginer que je t’aimerai autant aujourd’hui.
Je me souviens encore de notre première rencontre. Avant que l’avion “n’a Terrisse”, je venais de faire deux jours de voyage. À peine les pieds posés sur le sol québécois, un ami de ma soeur, venu me chercher à l’aéroport, me fit visiter l’île d’Orléans, savourer ses délicieuses fraises et me conduisit contempler tes Chutes Montmorency. Complètement sonnée par le décalage horaire, ma première rencontre avec la Rue Saint-Jean ne m’apparut guère exceptionnelle. En ce 20 août 2013, le soir, seule dans ma chambre, tournait en boucle dans ma tête cette interrogation: “Mais, au fond, pourquoi suis-je là ?”.
Des gens du monde et des québécois
Dès ma première semaine, je partis loin de Toi, à l’entrée de la Gaspésie. Le début du mois de septembre me vit intégrer ton Université Laval. En confidence, Québec, ce furent les douces arrivées dans ma vie de plusieurs très belles amitiés qui me donnèrent l’envie de te découvrir et le bonheur de t’aimer. Comme je l’écris dans mon article Est-ce grave de ne pas se sentir chez soi ?, je compris rapidement que la destination à elle seule n’était pas toujours un but en soi, mais que les gens que je croisais allaient m’aider à me frayer un chemin ici et à éclairer ma route. Et c’est chez Toi que me furent présentées ces personnes en or devenues très vite ma véritable famille: un Québécois, sans cesse en vadrouille, mais suffisamment présent pour que je puisse avoir un point de repère ici, une Brésilienne devenue une soeur de coeur, une Néerlandaise plus qu’une simple amie, une Française plus qu’une colocataire, une autre française plus qu’une camarade de classe, des ami(e)s réunionnais plus que des ami(e)s de mon île. Je t’avoue humblement Québec qu’il m’a été difficile au début de me faire un réel petit nid parmi tes habitants, mais ce n’est pas grave. J’aime tes habitants. Mon père me répétait souvent les paroles de cette chanson « les gens du Nord ont dans leur coeur le soleil qu’ils n’ont pas dehors », et c’est si vrai des tiens.
Belle ville de Québec
Tu sais, j’ai très rapidement créé un album Facebook afin de partager quelques moments de ma vie avec ma famille et mes amis devenus lointains. Il s’appelait “S’émerveiller de tout”. Eh oui!, car lorsqu’il nous arrive de vivre un dépaysement total comme je l’ai vécu, nous retrouvons notre âme d’enfant et nous émerveillons de tout. Je compris vite que j’étais en train de “tomber en amour” de toi, Québec, et de tous ces lieux, véritables joyaux qui font ton charme: ton fleuve mythique, ton château protecteur, tes rues attachantes flanquées de restaurants intimistes, ton Vieux-Port, ton petit Champlain, tes ligues d’improvisation, tes théâtres, tes brunchs, tes petits spots secrets, tes plaines d’Abraham, le Babyfoot de ta Ninkasi puis celui du Nelligan… et tant de trésors encore que tu sais offrir.
Presque 5 ans chez toi, ça fait grandir
J’étais jeune expatriée. Tu m’as appris à vivre et découvrir une autre culture, à changer mes habitudes, à sortir du jugement souvent superficiel que j’avais sur certaines choses de la vie.
Je suis Fille des îles. Tu m’as appris que les journées ne sont pas toujours chaudes et ensoleillées, que le temps passe, que les saisons changent, que les arbres perdent leurs feuilles mais renaissent plus beaux encore après avoir connu des journées courtes et tristes. Tu m’as appris qu’après les rigueurs de l’hiver revenaient l’été ensoleillé et ses sourires. Tu m’as permis de savourer chaque minute de tes belles journées d’été qui s’étirent jusqu’à point d’heure. Vivre auprès de Toi m’a appris à aimer le temps qui passe.
J’étais jeune fille naïve de 19 ans. Tu m’a permis de comprendre que dans la vie il faut apprendre à donner, apprendre à recevoir, pardonner et surtout lâcher prise sur ces moments de souffrances qui jalonnent nos routes. Et cela, dans tous les domaines : amitié, amour, travail et projets. Vivre à (l’) et en étranger c’est certainement apprendre à se perdre parfois pour pouvoir mieux se retrouver. Aujourd’hui elle me semble bien loin la jeune fille innocente de 19 ans qui pleurait ses premiers pas dans ta Rue Saint Jean.
“Je suis venu te dire que je m’en vais” chante Gainsbourg. Ne sois pas malheureuse, tu m’as tellement donné. Tu sais, je vais continuer ailleurs mes études et tenter de découvrir encore et encore les beautés infinies de la belle province que tu habites et de notre belle Terre.
Alors au revoir Québec,
Sans vraiment m’obliger à me sentir chez moi chez Toi, Québec, j’y ai pris doucement, je l’avoue, de nombreuses petites habitudes mais j’ai découvert aussi que j’avais le syndrome de l’oiseau migrateur : une envie étrange de se sentir chez soi ailleurs, de se sentir chez soi partout sur Terre. Je te dis au revoir, le coeur empli de reconnaissance d’avoir guidé mes pas toutes ces années. Je ne fais qu’un saut de puce vers ta voisine, Montréal, en attendant de reprendre, comme les Oies sauvages, ma migration vers d’autres horizons à moins que le destin ne choisisse pour moi de rester en ton pays.
Tu as été plus qu’une simple ville, tu as été ma deuxième maison. Je te connais par coeur. Aujourd’hui, j’associe chacun de tes coins de rue à un souvenir. Et ce lien merveilleux m’attachera à Toi pour l’éternité, ma douce Québec.
“Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon coeur qui voyage tous les jours
— le coeur parti dans la dernière neige
le coeur parti dans les yeux qui passent
le coeur parti dans les ciels d’hypnose —” L’homme rappaillé, Gaston Miron
Ce n’est qu’un au revoir,
7 Petits mots
anothervisa
24 juin 2018 at 09:55<3
Barbara
24 juin 2018 at 16:41Merci ! 😊❤️
Marlène
24 juin 2018 at 14:28C est toujours un plaisir de te lire et suivre à travers de belles phrases tes réflexions , tes impressions et tes états d âme. Continue ton vol il y a tellement de choses à voir en ce monde. Ce n est pas toi qui appliquera “naître vivre et mourir au même endroit”….
Pierre
25 juin 2018 at 03:51les photos sont magnifiques en tout cas !!
Duane Boisclair
25 juin 2018 at 06:25Bein coudonc. Barbou, le Temps qui passe. Je t’aime.
Suis ému lâ.
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