Depuis quelques semaines, le monde entier a été mis sur « pause ». Presque tous les pays de la planète ont pris des décisions draconiennes, obligés de faire face à une Pandémie, défi aussi soudain qu’inattendu. J’ai longtemps, très longtemps hésité avant de me décider à écrire sur mon blog à propos de ce confinement imposé à une grande partie de l’humanité, mais après avoir longtemps réfléchi j’ai souhaité partager mon ressenti, celui d’une expatriée réunionnaise confinée à l’autre bout du monde, au Québec. Voici comment se passe le confinement au Québec.
La situation COVID-19 au Québec en ce moment
Afin de me tenir au fait de l’actualité, je lis régulièrement les articles des journaux québécois tels que Le Devoir, La Presse ou écoute les émissions proposées par Radio Canada.
À l’heure où j’écris cet article, dimanche 19 avril, le Québec est la province la plus touchée du Canada. Le Canada dans son ensemble compte 35 000 cas confirmés et 1 587 décès. Le Québec dénombre 18 537 cas et 877 décès.
En a-t-il été partout ainsi ou est-ce simplement ma vision au travers d’un prisme émotionnel ? Mais il me semble qu’au Québec tout s’est passé très vite. Nous savions que le virus se trouvait en Chine, puis en clin d’œil l’Europe fut touchée et paralysée. Le virus n’était alors pas encore présent « officiellement » au Canada que les écoles ont commencé à être fermées ainsi que les restaurants, les bars, les parcs Nationaux, etc. Depuis, comme en de nombreux lieux sur Terre, ne restent ouverts que les commerces essentiels. Les frontières terrestres, maritimes et aériennes sont fermées et ne ré-ouvriront pas de sitôt.
Avant la pandémie, j’étais activement à la recherche d’un nouvel emploi, mais la situation actuelle, comme pour de nombreuses autres personnes, en a interrompu la démarche. La plupart des personnes que je côtoie ont été mises au chômage technique ou ont perdu leur emploi. Dans l’obligation de mettre en pause nos vies, nous sommes contraints de rester à la maison.
Une aide d’urgence de 2 000 $, le PCU (Prestation Canadienne d’Urgence), a été mise en place afin d’aider les gens qui ne sont pas admissibles à l’Assurance Chômage ou ceux durement touchés. Les prêts étudiants et les hypothèques sont suspendus pour 6 mois et bien d’autres aides ont été mises en place. Presque 1 000 000 de personnes ont perdu leur emploi, alors que c’était le pays du plein emploi ! Du jamais vu au Canada : un taux de chômage impressionnant et la chute des cours du pétrole.
Ici, chaque jour, le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau et le Premier Ministre Québécois, François Legault, donnent des conférences de presse et tiennent les Canadiens informés de la situation sanitaire.
Les résidents qui rentrent de voyage sont placés en quarantaine et ne peuvent la briser sous peine d’avoir une amende de 750 000 $.
Techniquement, en comparaison avec le France, nous avons encore le droit de sortir sans devoir justifier d’une autorisation spéciale, mais ne sont permises que les sorties nécessaires. Il est interdit de faire des regroupements et une distance de sécurité de 2 mètres entre les personnes est imposée.
Plusieurs mesures ont été mises en place : les caissiers sont protégés derrière des plaques de plexiglas, il faut faire la queue pour entrer dans les magasins afin de faire ses courses (tout en respectant la distance de sécurité de 2 mètres), se laver les mains avant d’entrer, les barres d’appui des cadis sont désinfectées et le gel hydro-alcoolique est omniprésent.
Il s’est créé au Québec un mouvement de solidarité « Tout va bien aller 🌈 » dont le principe est de dessiner un arc-en-ciel et de le coller à sa fenêtre. Leur vision décroche de nombreux sourires sur les visages des gens, heureux malgré tout de voir partout tant de couleurs. Maintenant, même les monuments du Québec affichent les couleurs de l’arc-en-ciel.
Après presque 30 jours confinée, je me suis autorisée une balade nocturne… nous étions presque seuls dans les rues du Vieux-Montréal. Le temps s’est arrêté. 🌈
Comment je vis le confinement?
Il faut réapprendre à vivre, s’adapter à une situation d’urgence pour un temps que l’on nous a promis limité. Alors je découvre, comme tant d’autres personnes sur Terre, la vie en milieu fermé après avoir grandi, fille des iles et du soleil, au grand air et à la lumière. Mais vous savez quoi ? Je ne me plains pas, loin de là. Car je fais partie des quelques milliards de personnes auxquelles on a demandé de rester « confinées » pour sauver le monde. Et je n’aurais jamais imaginé un jour que cette « part du travail » demandée pour le sauver était aussi simple que cela. Mais est-ce la vérité ?
Alors je reste ma kaz. Je lis, je cuisine, je chill devant Netflix, regarde les infos, médite, fais de la gymnastique pour ne pas rouiller dans ma tête et dans mon corps, apprends le code afin de passer ultérieurement le permis, m’occupe de mon chat… et tant d’autres petites choses qui me permettent de conserver un regard optimiste sur la vie – et ce même si ce n’est pas facile tous les jours -, m’obligeant pour ce faire à dresser une petite liste écrite des choses à faire le lendemain.
Il me semble parfois difficile de ne pas craquer ou de ne pas faire de crises d’angoisse étant de nature assez anxieuse. Cependant, je réalise pleinement que je fais partie des privilégiées de la Terre en ces moments de détresse morale, financière et physique de tant d’êtres de part le monde. Comment se plaindre quand on pense à toutes ces personnes qui souffrent dans leur chair et à celles qui nous quittent, même si on a le droit bien légitime de craquer ?
Aussi afin de combattre ces angoisses qui assombrissent nos vies en ces jours d’enfermement, je me suis mise avec sérieux au yoga, à la méditation et à l’écriture. Cela me fait vraiment du bien… m’échappant avec mon corps du moment présent pour figer mes pensées.
Mine de rien, je reste assez étonnée de constater à quel point les journées passent vite, hors travail habituel sans activités bien définies. La plus grande difficulté, je vous l’avoue, c’est l’éloignement des miens dispersés de par le monde à la Réunion, en France, au Brésil, même si je chéris le temps qui nous est offert, dans ce confinement, pour pouvoir appeler plusieurs fois par semaine mes amies d’enfance, modifier mon blog, écrire des articles, ouvrir enfin les pages de cette pile de livres à lire depuis des années. Il m’est agréable même de redéfinir mes rêves et projets d’avenir.
Il est évident que nous sommes tous dans le même bateau. La douleur et les difficultés du moment présent nous permettent de ressentir l’importance de la vie, de l’affection et de l’amour de ceux qui nous sont chers. Nous nous devons d’être optimistes par respect pour tous ceux qui nous ont quittés ou ceux qui n’ont pas la chance d’un simple abri dans la tempête. Au fond, d’une certaine manière, nous sommes presque tous enfermés souvent loin des nôtres, ce qui nous rapproche un peu, riches ou pauvres, rois ou mendiants.
J’aimerai au final vous remercier d’avoir lu cet article, d’être là simplement, d’être présent.
Prenez soin de vous et aimez-vous les uns les autres. Promettez-vous de réaliser vos rêves une fois cette période passée, car on ne vit qu’une fois. Promettez-vous de prendre plus souvent soin des gens que vous aimez…. et ça va bien aller 🌈.
Mon île, tu me manques, on se voit très vite.
Terrisse de Poche. ♡
7 Petits mots
VOLIA
20 avril 2020 at 09:25Que c’est bien d’avoir mis des mots sur ce que nous vivons et ressentons tous. Nous ne savons pas où nous allons,comment cela va se terminer mais nous faisons confiance à nos décideur, c’est tout ce que nous pouvons faire mais cela, nous essayons de bien le respecter, de bien le faire;.
Terrisse de poche
21 avril 2020 at 18:43Merci de ton soutien! Contente que mon article te plaise. Il faut laisser le temps au temps… nous n’avons pas le choix. Prends soin de toi! ❤️
Cj-envadrouille
20 avril 2020 at 12:08Merci pour cet article, vraiment du fond du coeur merci . Depuis le confinement, les préoccupations des uns et des autres en France paraissent se concentrer sur nos problèmes à nous mais je trouve que c’est tellement important voir les choses à une échelle plus grande comme le laisse à penser le mot “pandémie”. Je constate qu’au Québec comme en France, l’état “providence” a repris du service et que nos gouvernements mettent en place une série de protections. Nous avons de la chance .
Pour le déconfinement, la “phase suivante” comme dit notre premier ministre, j’espère que nos compatriotes continueront à être prudents.
Courage à vous, prenez soin de vous …et, j’en suis certaine…..ça va bien aller🌈
Terrisse de poche
21 avril 2020 at 18:51Merci à vous pour votre commentaire qui me fait chaud au cœur, je suis contente de voir que mon article a plu.
Je dois avouer qu’il y a des jours avec et des jours sans, mais quand je relativise je réalise à quel point je suis chanceuse d’être chez moi en bonne santé. Si on utilise le mot « pandémie », ce n’est pas pour rien… nous sommes tous dans le même bateau.
Je suis tellement impressionnée de voir à quel point les Québécois respectent généralement bien les règles et les nouvelles lois de distanciation… j’espère que ce sera de même pour la « prochaine phase ».
J’espère que vous allez bien. Courage à vous aussi et prenez soin de vous. 🌈
Sarah Terrisse
21 avril 2020 at 09:43Très bel article juste et universel en cette période de crise sanitaire.
Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis.
Continues d’écrire comme ça c’est une belle façon de nous réunir et connecter à toi.
Terrisse de poche
21 avril 2020 at 18:45Merci ma soeur! Ton commentaire me fait plaisir. Contente que cet article te plaise, merci de me suivre. ❤️
Sophie L
5 mai 2020 at 06:46C’est un très bel article. Ce mouvement de solidarité est génial, à la hauteur de la culture québécoise, toujours optimiste et originale, j’adore ! Les monuments sont magnifiques avec ces couleurs. Bon courage pour ce confinement, vivement que tout ça soit derrière nous. Coucou de La Réunion